Protection respiratoire au travail
Respirez, vous êtes protégés !
Notre appareil respiratoire est un outil très performant. Il nous permet de respirer, de sentir mais aussi de donnera notre cerveau différentes informations, telles que l’atmosphère dans laquelle nous évoluons.
Il nous permet également de nourrir notre corps en air et de préserver nos fonctions vitales.
Le défendre de toute attaque extérieure est donc essentiel.
A la différence de certaines parties de notre corps où la détérioration peut-être immédiate (chocs sur le pied, coupure à la main), les symptômes d’une intoxication respiratoire sont généralement tardifs et dus à une exposition prolongée.
Les contaminants susceptibles d’attaquer notre système respiratoire sont nombreux et nécessitent une approche particulière.
Ils sont :
- pour le cerveau : gaz et vapeurs,
- pour le pharynx : les fumées, brouillards ou aérosols,
- pour les bronchioles : poussières et brouillards ou aérosols,
- pour les poumons : les fumées, gaz et vapeurs,
- pour le foie et l’estomac : les fumées, brouillards ou aérosols, gaz et vapeurs.
Les Appareils de protection respiratoire protègent contre l’inhalation d’un air pollué par des gaz, des vapeurs, des poussières, des aérosols chimiques ou biologiques, ou encore d’un air appauvri en oxygène.
Voici les situations dans lesquelles l’utilisation d’appareils de protections respiratoire est nécessaire. Mais, avant de recourir au port d’un tel équipement, les solutions de protection collective doivent bien sûr être envisagées pour limiter les risques d’exposition.
Le port d’un appareil de protection respiratoire est nécessaire quand les mesures de protection collective sont techniquement impossibles à mettre en œuvre ou se révèlent insuffisantes pour protéger la santé des salariés. Son utilisation est donc nécessaire chaque fois qu’un salarié est susceptible de respirer un air appauvri en oxygène ou d’inhaler des gaz, des vapeurs, des poussières ou des aérosols dangereux pour la santé.
Port d'un équipement de protection individuelle
L’utilisation des protections respiratoires doit être limitée à quelques situations exceptionnelles car le port d’un EPI respiratoire reste gênant et rend le travail souvent pénible. Il ne protège, en outre, que le salarié qui le porte et non les personnes à proximité.
De plus, l’efficacité des appareils filtrants et des appareils isolants autonomes reste malheureusement limitée dans le temps.
Le choix de l’appareil de protection respiratoire ne peut se faire qu’après une étude sérieuse des conditions d’utilisation (teneur en oxygène, nature et concentration des polluants, dimension des particules s’il s’agit d’un aérosol).
Cas du masque respiratoire dans les métiers de la santé
Dans les milieux de la santé, il y a souvent confusion entre appareil de protection respiratoire et masque médical ou chirurgical, que le risque soit chimique ou biologique.
Le masque médical ne protège pas celui qui le porte contre le risque d’inhalation d’agents infectieux. Porté par le soignant, ce masque permet de réduire la contamination du patient. Porté par une personne atteinte d’une infection respiratoire, il prévient la contamination de son entourage.
Les appareils de protection respiratoire sont destinés, quant à eux, à protéger des risques liés à l’inhalation d’agents infectieux transmissibles par l’air (tuberculose) ou de polluants chimiques.
IL EXISTE DEUX FAMILLES D’APPAREIL
La protection respiratoire est assurée par 2 familles d’appareils :
- Les appareils filtrants purifient l’air qui les traverse par filtration. Ils ne doivent en aucun cas être utilisés dans une atmosphère pauvre en oxygène.
- Les appareils isolants, quant à eux, sont alimentés en air respirable par une source non contaminée. L’utilisateur est alors indépendant de l’atmosphère ambiante.
Dans les 2 cas, la pièce faciale (élément de l’appareil en contact avec le visage) doit assurer une bonne étanchéité et ne pas laisser passer d’air à sa jonction avec le visage. L’utilisateur doit donc l’ajuster correctement.
S’il porte une barbe, des favoris, des cicatrices, des lunettes… l’étanchéité peut en être réduite voire annulée. Selon le type d’activité, il existe plusieurs types de pièces faciales (masque complet, demi-masque, casque, cagoule…).
Appareils filtrants
Ils peuvent être à ventilation libre si l’air ne traverse le filtre que du seul fait des inspirations de l’utilisateur, ou à ventilation assistée si l’air ambiant est aspiré du travers du filtre grâce à une pompe. Les filtres sont conçus pour des polluants spécifiques, contre les poussières, les gaz ou contre des combinaisons de ces 2 types de polluants.
Les filtres anti aérosols (anti poussières) sont rangés en 3 classes selon leur efficacité de filtration. Ils portent un marquage normalisé de couleur blanche, avec la marque R s’ils sont réutilisables ou NR s’ils ne le sont pas.
Les filtres anti gaz sont également rangés en 3 classes en fonction de leur capacité de piégeage du gaz. Ils portent un marquage normalisé de couleur (marron, gris, jaune, vert), la couleur étant associée au type de gaz que le filtre arrête.
En cas de réutilisation, un filtre doit toujours être employé vis-à-vis du même gaz.
Pour les gaz dangereux, une seule utilisation est conseillée et ils sont déconseillés quand les concentrations de polluants dans l’air sont trop élevées (un appareil isolant est alors préférable).
Avec ces systèmes, la ventilation se fait au moyen d’un moteur qui est porté à la ceinture. La ventilation aspire l’air ambiant au travers de cartouches. La ventilation assistée facilite l’effort respiratoire, améliore le confort en situation de travail et augmente le facteur de protection.
Pour les systèmes filtrants pression négative (demi-masques et masques complets), l’opérateur doit fournir un effort respiratoire pour faire passer l’air ambiant au travers de cartouches filtrantes. Ces équipements sont souvent munis de soupapes inspiratoires et expiratoires qui permettent d’améliorer le confort respiratoire.
Appareils isolants
Avec ce système, l’air fournit à l’utilisateur provient d’une source indépendante de l’air ambiant (réseau d’air ou bouteille). Selon les types d’équipements, l’air est envoyé dans une pièce faciale de manière continue (adduction d’air) ou à la demande (ARI). Ce système est obligatoire dans les situations où l’air ambiant ne contient pas un minimum d’oxygène ou lorsque l’on est en présence de contaminants non filtrables.
- Autres :Masques jetables contre les aérosols solides ou liquides
Les masques jetables sont utilisés lors de travaux à faible concentration de contaminants. Ils sont la première barrière du contaminant.
Du fait de l’effort respiratoire que devra fournir l’utilisateur, les masques jetables seront utilisés pour des postes à faible durée d’intervention.
LES FILTRES
La détermination d’un filtre doit se faire en fonction de la concentration sur le poste de travail et de la nature de celui-ci.
Certains filtres nécessitent une attention particulière :
- filtre AX : usage unique. Ne doit pas être utilisé avec une ventilation assistée ;
- filtre NO CO : usage unique. Durée d’utilisation limitée à 20 min. Ne doit pas être utilisé avec une ventilation assistée.
A noter : le poids maximum d’une cartouche sur un demi-masque est de 300 grammes. Sur un masque panoramique, il sera de 500 grammes.
Classification des filtres
Selon la concentration des contaminants
F.D.S (fiche de données de sécurité) : la F.D.S est la carte d’identité du produit. Elle indique toutes les substances dangereuses contenues dans le produit. C’est une source indispensable permettant de définir le filtre approprié.
- filtres contre les aérosols (particules solides et/ou liquides)
Classe |
Utilisation |
|
1 |
(FFP1 ou P1) |
Contre les particules solides de matière inerte jusque 4,5xVME, particules de 0,2 à 5 um arrêtent au moins 80% des aérosols. |
2 |
(FFP2 ou P2) |
Contre les aérosols faiblement toxiques jusque 12xVME, particules <0,2 um arrêtent au moins 94% des aérosols. |
3 |
(FFP3 ou P3) |
Contre les aérosols toxiques jusque 50xVME, particules <0,2 um arrêtent au moins 99% des aérosols. |
Important : les protections anti-poussières ou combinées doivent répondre à des exigences de tests plus élevées, et sont désormais classées en usage unique « NR » (non réutilisables) ou réutilisables « R ». « D » signifie que le masque a subi le test de colmatage aux aérosols solides.
- filtres contre les gaz/vapeurs
Classe |
Teneur en gaz/vapeurs toxiques maximale |
1 |
0,1% en volume ou 1000 ppm |
2 |
0,5% en volume ou 5000 ppm |
3 |
1% en volume ou 10000 ppm |
Important : les filtres et dispositifs filtrants ne peuvent être utilisés lorsque la concentration de l’air en oxygène est inférieure à 19% ou lorsque la teneur en gaz/vapeurs toxiques dépasse 1%. Il convient alors d’utiliser des appareils respiratoires isolants.
Selon la nature des contaminants
Bien se repérer, c’est bien se protéger !
A |
Gaz et vapeurs organiques dont le point d’ébullition est supérieur à 65°C (ex : pétrole) |
B |
Gaz et vapeurs inorganiques (ex : chlore, acide sulfhydrique, acide cyanhydrique …) |
E |
Gaz et vapeurs acides (dioxyde de soufre, acide formique, dioxyde nitrique) |
K |
Ammoniac et dérivés organiques de l’ammoniac |
P1-2-3 |
Particules solides et liquides, particules radioactives, bactéries, virus (amiante, légionellose) |
AX |
Gaz et vapeurs organiques dont le point d’ébullition est inférieur à 65°C (ex : acétone) |
Hg |
Mercure et composés du mercure |
I |
Iode radioactif et ses composés organiques tel que l’iodure de méthane radioactif |
CO |
Monoxyde de carbone |
NO |
Vapeurs nitreuses et bioxyde d’azote |
REMPLACEMENT DES FILTRES
Concernant les filtres à particules (solides et liquides), le changement des filtres intervient lorsque l’effort respiratoire que l’utilisateur doit fournir devient de plus en plus important.
En effet, les particules viennent colmater le filtre, ce qui empêche progressivement l’air de passer. En ventilation assistée, le colmatage du filtre sera indiqué par le moteur.
Concernant les filtres gaz/vapeurs, la saturation de ces derniers n’a aucune incidence sur l’effort respiratoire de l’utilisateur.
En effet, le charbon actif présent dans le filtre va se remplir de contaminants jusqu’à ce qu’il ne puisse plus en contenir.
A partir de ce moment, le filtre n’aura plus aucune efficacité et devra être remplacé.
A noter : on parle souvent de détection olfactive lorsque l’on évoque la saturation d’un filtre gaz/vapeurs. En effet, pour l’utilisateur, sentir le contaminant indique que son filtre est saturé.
Des mesures peuvent être effectuées afin de définir une fréquence de changement.
- Classification complémentaire – Appareils à ventilation assistée
Classification et marquage :
TH : Turbo Hood = ventilation assistée + cagoules et casques
TM : Turbo Masque = ventilation assistée + masque panoramique
1, 2 ou 3 : Indice de protection (plus le chiffre est élevé plus la pièce faciale est étanche).
NORMES EN 136
Champs d’application :
Masques complet pour appareil de protection respiratoire
Cette norme fixe les exigences minimales des masques complets pour appareils de protection respiratoire. Elle contient des essais en laboratoire et des essais pratiques de performance pour s'assurer de la conformité avec les exigences ci-dessous :
- résistance à la température
- résistance aux chocs
- résistance à la flamme
- résistance au rayonnement thermique
- résistance à la traction
- résistance aux produits de nettoyage et de désinfection.
De plus, l'inspection visuelle doit porter sur le marquage et la notice d'information du fabricant.
Il existe trois classes de masques complets :
- Classe 1 : légers et à faible niveau d’entretien
- Classe 2 : ordinaires avec pièces à entretenir
- Classe 3 : résistants, destinés aux pompiers
NORMES EN 140
Champs d’application :
Caractéristiques minimales des demi-masques et quarts de masques
Elle spécifie les caractéristiques minimales à exiger des demi-masques et quarts de masques destinés à être utilisés avec les appareils de protection respiratoire.
Elle contient des essais de laboratoire et des essais pratiques de performance pour assurer la conformité avec les spécifications ci-dessous :
- résistance aux chocs
- résistance aux produits de nettoyages et de désinfection
- résistance à la flamme
- résistance respiratoire
NORMES EN 143
Champs d’application :
Filtre à particules pour appareils de protection respiratoire
Cette norme se rapporte aux filtres contre les particules comme composant des appareils de protection respiratoire sans assistance. Elle contient des essais de laboratoire pour assurer la conformité avec les spécifications suivantes :
- résistance aux chocs, à la température, à l'humidité et aux milieux corrosifs
- résistance mécanique
- résistance respiratoire
Les filtres à particules sont classés en fonction de leur efficacité de filtration :
- P1 : faible efficacité
- P2 : efficacité moyenne
- P3 : haute efficacité
Normes en 14387
Champs d’application :
Filtres anti gaz et filtres combinés
La présente Norme européenne traite des filtres anti gaz et des filtres combinés utilisés comme composants des appareils de protection respiratoire non assistés. Les filtres contre le CO sont exclus de la présente norme.
Cette norme comporte des essais en laboratoire destinés à l'évaluation de la conformité des filtres aux exigences. Certains filtres conformes à la présente norme peuvent également être utilisés avec des appareils de protection respiratoire assistés et, dans ce cas, doivent être essayés et marqués selon la norme européenne appropriée.
NORMES EN 149
Champs d’application :
Demi-masques de protection respiratoire
La norme EN-149 spécifie les caractéristiques minimales à exiger des demi-masques filtrants utilisés comme appareils de protection respiratoire contre les particules. Elle contient des essais de laboratoire et des essais pratiques de performance pour assurer la conformité avec les exigences ci-dessous :
- résistance aux chocs
- résistance aux produits de nettoyage et de désinfection
- résistance à la flamme
- résistance respiratoire
3 classes de protection :
- FFP1 : (Jusqu'a 4.5 x VME) particules solides grossières sans toxicité spécifique et les brouillards dont la phase liquide est l'eau ou l'huile. Ne pas utiliser contre les substances cancérigènes radioactives, aérobiologiques et les enzymes. Ex : coton, graphite, hydroxyde de sodium, carbonate de calcium, kaolin, ciment, cellulose, foins....
- FFP2 :(Jusqu'a 12x VME) aérosols solides et/ou liquides indiqués comme dangereux ou irritants. Contre les poussières toxiques, fumées et brouillards dont la phase liquide est l'eau ou l'huile. Ex : bois tendres, métaux, résine…
- FFP3 : (Jusqu'a 50 x VME) aérosols solides et/ou liquides toxiques. Contre toutes les poussières, fumées et brouillards dont la phase liquide est l'eau ou l'huile.
Ex : bois durs, céramique, laine de roche, cadmium, chrome…
D : Masque ayant passé un test supplémentaire de colmatage à la poussière de dolomie, signifiant une résistance respiratoire réduite et une durée de vie plus grande
Iinformation et formation du personnel
Dans tous les cas, le personnel doit être informé des risques encourus à son poste de travail et doit recevoir une formation sur le fonctionnement de l’appareil de protection respiratoire et ses limites d’utilisation.
Un médecin du travail peut être amené à juger de l’aptitude à porter un appareil de protection respiratoire.
Ces appareils doivent impérativement être enregistrés et répertoriés dans l’entreprise. Chaque appareil qui n’est pas à usage unique doit faire l’objet d’une fiche de suivi pour avoir connaissance des utilisations précédentes.
L’entretien et le stockage doivent se faire dans un endroit propre et désinfecté régulièrement pour que les appareils conservent leur efficacité.